Marie Nimier

Pour en finir avec Blanche Neige, opus 3 : Tout doit disparaître

Pour en finir avec Blanche Neige, opus 3 : Tout doit disparaître

Année de sortie: 2010

Performance mise en scène par Karelle Prugnaud dans le cadre de la Grande Veillée, Rouen (festival Automne en Normandie)
avec Mélanie Menu, musique Bob X, costumes Nina Benslimane

Après la Halle aux poissons du Havre et le parking souterrain d'Evreux, Karelle Prugnaud et Marie Nimier investissent le sous-sol des Galeries Lafayette.
Rouen, le 30 octobre 2010, à 21h, 22h30 et 23h55
Durée : 30 minutes.

Du monde de l'enfance, Blanche Neige connaît un rayon. Elle est vendeuse au rayon layette. Charmante et souriante comme nous la connaissons, jusqu'au jour où elle lit cette injonction placardée dans la vitrine : TOUT DOIT DISPARAÎTRE. C'est comme une révélation. Un grand abattement, suivi d'une grande colère. Tout, vraiment ? Tous, des cadavres en sursis ? Blanche Neige voit rouge. Elle engage un combat contre la mort. Un combat musical et saignant. Personne n'en sortira vivant.
 

Des chansons de cette performance seront reprises par le groupe Nina et les fils de sur une musique de Victor Pageard

Les textes des performances sont inédits jusqu'à ce jour...

EXTRAITS

Je marche dans un rêve qui n’est pas le mien
Le rêve de deux frères et de bien d’autres avant
Qui racontaient le soir mon histoire aux enfants
La plus belle disait le miroir
Il dit encore, qui sait le voir ?
Blanche-Neige ici, Blanche-Neige là-bas
Plus haut, plus bas
Pas de temps mort
Aucun temps mort
Ne pas laisser prise à l’ennui
Ne pas laisser prise à la mélancolie
Remplir, bourrer, encaisser
Comme un boxeur à la dérive
Rayon chaussettes
Rayon mi-bas
La ronde des jours ordinaires
L’exaltation des livraisons
En connaître un rayon
Sur les slips en rayonne
Utile, futile, ça sonne, ça sonne, et puis après ?
Le coin bikinis, promotions spéciales
Satisfaire, oui, important, l’indice de satisfaction
Vous êtes heureux ?
Cocher la case Très heureux heureux malheureux désespéré

Essayer un maillot de bain est toujours une épreuve qui vous rapproche de la mort La vendeuse doit faire preuve alors d’une extrême délicatesse
Et je fais preuve d’une extrême délicatesse...
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Cinq ans au rayon layette
Cinq longues, interminables années
Blanche Neige, ils se sont dit, elle aime ce qui est petit
Les petits nains, les petits lits, les petits princes
On va la mettre au rayon layette
« Mais bien sûr madame, en neuf mois, je vais regarder s’il m’en reste »
Je reviens, un sourire navré sur les lèvres : « Je suis désolée, je ne l’ai plus qu’en six mois.
En six mois, vous le prenez ? Vous voulez l’habiller en six mois ?
Pauvre chou, vous n’y pensez pas, il ne va pas tenir, ce serait con, quand même, de le retrouver au matin, étouffé dans son pyjama...»

Tout pour qu’elle s’en aille, elle et son bébé à roulettes Mais la mère insiste
Et l’enfant me regarde avec ses yeux doux
Ce regard insupportable, tellement plein de vie Tire-toi, j’ai dit, sinon je t’explose la gueule

Je déteste les enfants, mais personne ne s’en est jamais rendu compte
Je déteste les mères et leur ventre qui saigne
Leurs lèvres recousues, leurs soucis vaginaux
Les pères n’en parlons pas, les princes, les chasseurs
Le monde des fornicateurs
Sortir d’un trou pour rentrer dans un trou
Comme des bêtes copuler pour chier des gosses, chier, oui, cinq ans je suis restée au rayon chiards, cinq longues années

(À elle-même, dans le miroir) Ça va aller ma petite Neineige, ça va aller, il faut se calmer, se calmer. Du calme.

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