Marie Nimier

Peine, Pénis, Penne

Peine, Pénis, Penne

Année de sortie: 2007

Peine, Pénis, Penne est un monologue en français avec des passages en italien, mis en scène par Virginie Deville dans le cadre de son projet Corpus Eroticus, spectacle créé à la Ferme du Buisson en octobre 2007, puis présenté au Festival In Châlon, et à la Maison des Métallos en  2008

LE DÉBUT (extrait)

"Il est pieds nus. Il ne fait aucun bruit quand il marche.

Il ne sait pas qu’il est dans le noir (il a un bandeau sur les yeux).

Des rais de lumière viendront révéler, par touches successives, sa déroutante physionomie.

En commençant par ses pieds aux orteils poilus.

Sa voix est belle, envoûtante. On pourrait l’écouter longtemps.

LUI : Ils m’ont bandé les yeux.

Les deux yeux : bandés. Le regard : à l’arrêt.

Comme un chien qui renifle

dans les plis de l’air

Un cane che va a caccia.

Un chien…

Je jurerais qu’une femme est passée par ici

À cet endroit même, son pied posé, et le mien par dessus qui épouse gentiment sa forme

Sa cambrure

La protège gentiment, comme s’il dormait avec lui en cuillère

en chien de fusil.

 

Pourquoi m’ont-ils bandé les yeux, de quoi ont-ils peur ?

Je suis inoffensif, ils le savent bien, sinon ils ne me laisseraient pas me promener comme ça sans…

sans protection.

À moins qu’ils aient peur…paura … peur de mon regard.

Peur… d’aimer mon regard. D’être attendris par lui.

Ils ont peur que mon regard… vous fasse fondre comme des petits esquimaux dans une salle de projection surchauffée

Quel prétentieux tu fais…

 

Ça gratte au niveau des tempes. Ils auraient pu choisir un tissu moins rêche.

Mais non, petites brimades, petites humiliations

Petites personnes… E questa benda che mi prude… Gratte, gratte, gratte…

 

Quand j’étais enfant, j’étais allergique au Nylon.

Ça se fait encore, le Nylon ?

Les robes de Nylon ? Les bas de Nylon ?

J’ai un faible pour les bas…

Et en haut, depuis tout jeune…

La crocchia…

Le chignon

Tu rêves de défaire la barrette et d’enlever les épingles… Ou le peigne en plastique, la barrette et les pinces, la baguette, la barrette, le stylo, le crayon noir, l’élastique, les pinces, les machins qui tiennent, qui emprisonnent, la pince, l’élastique, couper le chouchou, déchiqueter le chouchou, décrocher le pompon, arracher la fibule et l’épingle… Tu rêves

de tirer la baguette ou le stylo ou le…

planté dedans et qui retient.

Un lâché de cheveux qui s’envolent en tombant

La grâce de ça, mon dieu, la grâce…

Le monde est gracieux. J’aime le monde. Je suis peut-être le dernier à aimer le monde.

Il faut que j’arrête de trembler, ils vont croire que j’ai peur

Ma certo che ho paura, qu’est-ce que vous croyez ?

Je suis un homme très banal, voilà ce que je dois vous dire, un uomo comune. Car il faut bien commencer par quelque chose. À moins que vous ne me posiez des questions.

« Il y a des questions ? » Non, pas de questions, je m’en doutais."

Conception et mise en scène : Virginie Deville
Textes de Roland Fichet, Nathalie Fillion, Camille Laurens, Marie Nimier, José Pliya et Christian Siméon
Complicité artistique: Isabelle Saudubray
Scénographies : Michel Gueldry, Florence Evrard, Virginie Donnadieu
Construction : Michel Gueldry, Atelier Devineau
Musique originale : Dario Marianelli
Lumières : Véronique Hemberger
Photographies : Mariko
Création olfactive : Jean-Charles Sommerard
Sculpteur : Daniel Cendron - Régie générale : Jérôme Bertin

Avec :
Virginie Deville, Fosco Perinti, Pascal Renault,
Anne de Rocquigny, Isabelle Saudubray, Sophie Torresi,
Nathalie Yanoz

Coproduction :
Cie Ce dont nous sommes fait / Compagnie de l’Arcade /
Association Beaumarchais-SACD / Maison des Métallos /
Atelier 231-CNAR Sotteville-Lès-Rouen /
Pronomade(s) en Haute-Garonne-CNAR

Avec le soutien de l'ONDA /
La Ferme du Buisson-SN de Marne-La Vallée /
Festival de Chalon dans la rue/ SACD-Auteurs d'Espace /
Le citron Jaune-CNAR Port Saint Louis du Rhône / la Tannerie /
la Métive

Extraits de presse

Six textes érotiques, commandés à six auteurs, dont Marie Nimier, Camille Laurens et Roland Fichet : ça s’appelle “Corpus Eroticus”, et la mise en scène, signée Virginie Deville, donne lieu à des face-à-face entre un comédien et 12 spectateurs, dans des petites alcôves aux scénographies très particulières. Récit sonore d’une expérience qui en a émoustillé plus d’un(e) à la Maison des métallos. Ecouter le reportage
Cathy Blisson, Télérama audio, en janvier 2008.