Frédérique Roussel, Libération, en mars 2025 (lire l'article).Ce qui rend ce récit si émouvant, c'est la fragilité commune des deux petites filles délaissées. Mais là où l'une choisit le démonstratif, l'autre trouve enfin, par l'écriture, un baume, et même une folle surprise grâce à la Reine du Silence.

Le côté obscur de la Reine
Année de sortie: 2025
Éditeur: Mercure de France, collection Traits et Portraits
EXTRAIT :
« Comme je l’aimais, comme nous nous aimions. Cela va sans dire, et l’écrire me serre le cœur. Ma mère, ma maman, il n’y a qu’une femme au monde que je peux appeler ainsi. Quel dommage. Quel gâchis.
Je ne lui en veux pas, non, lui en vouloir, ce serait encore la vouloir. Encore rester accrochée. Les gestes d’apaisement dictés par la raison me coûtent mes nuits. On me conseille de me blinder, mais me blinder ne sert à rien, ou alors je ne me blinde pas où il faut, comme il faut. Ma mère m’occupe, ses lamentations me submergent, sa mauvaise foi, ses chantages, son agressivité déguisée en tendresse. Je sors de mes visites lessivée.
Tu prends les choses trop au sérieux, m’écrit ma tante. Il faut que tu fasses un stage de je-m’en-foutisme !
Je dois le reconnaître, j’ai d’énormes lacunes en je- m’en-foutisme. »
Extraits de presse
Vincent Josse, France Inter, le Grand Atelier, en mars 2025 (lire l'article).Pour jouer avec elle sur les mots, deux linguistes, Anne Le Draoulec et Marie-Paule Péry-Woodley.
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La jeune Marie observe sa mère, combiné à la main, qui passe des coups de téléphone à ses amis, ses connaissances, ce tout-Paris dans lequel elle se fond parfaitement. Elle est allongée dans son lit, aime y traîner jusque tard dans la matinée, mais laisse toujours dépasser des draps une jambe, pour rester au frais. Le souvenir de ce pied nu, la racine du grand arbre, s'imprime dans la mémoire de sa fille tout près de la question qui traversera son œuvre : est-ce ainsi que les gens vivent ?
Devenue romancière et dramaturge, Marie Nimier publie cette année Le côté obscur de la reine (Mercure de France), vingt ans après La Reine du silence consacré à son père. Celle qui a fait irruption dans la littérature il y a quarante ans avec un lourd patronyme hérité de l'écrivain Roger Nimier, se tourne aujourd'hui du côté maternel pour continuer l'inventaire de ses lourdes ascendances .
Son livre raconte Nadine, cette mère lumineuse pour tous et si encombrante pour elle...Lorsqu'elle était enfant, Marie Nimier éprouvait pour sa personnalité fantasque une admiration que l'on peut encore lire entre ses lignes. Mais elles sont surtout remplies aujourd'hui des caprices et des manipulations que sa mère vieillissante lui oppose à mesure que son âge avance et que ses souvenirs l'étouffent : "Le combat est engagé, déclarées les hostilités. Ma mère part en campagne, mais contre qui ? (…) Il n’y a que moi, sa fille."
Récit de femmes, de reines, jusqu'à son titre, Marie Nimier y capture aussi la gente masculine - pas toujours glorieuse - de l'époque. A commencer par son propre père, dont l’ombre n’a pas disparu, dont elle interroge encore la responsabilité, car sans lui comment saisir l'essence de celle qui a partagé sa vie et ne trouve rien d'autre à dire sur lui que : "Roger était Roger, voilà, on ne va pas le refaire, mais à part ça…"
Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine, en février 2025 (lire l'article).Marie Nimier ne parvient ni à pardonner, ni à oublier, ni à détester sa mère. son livre est donc un roman d'amour.
Sophie Joubert, l'Humanité, en janvier 2025 (lire l'article).Vingt ans après La Reine du silence, la romancière et dramaturge poursuit l'enquête familiale et signe l'un de ses plus beaux livres en dialoguant avec des images."
L'Humanité, 16 janvier 2025 - Sophie Joubert
Valérie Marin la Meslée, Le Point, en janvier 2025.Le côté obscur de la Reine éclaire d'une sensibilité confondante un amour manqué.
Tiphaine Samoyault, Le Monde, en janvier 2025 (lire l'article).Le côté obscur de la Reine parvient à faire entendre ce vrai silence, pas celui qui enjoint de parler, ce qu'il a été pour la fille, mais celui dont on ne se départit jamais, pas même dans le flux ininterrompu de la plainte [...]. Le livre de Marie Nimier est magnifique de ses ambivalences et de ses ellipses. L'abandon de la fiction rend le récit heurté. rien n'y est magnifié ni adouci, on est avec elle sur une crête, ce qui rend la lecture à la fois touchante et haletante. L'autrice en a marre de sa mère et elle le dit.
Laëtitia Favro, Livre Hebdo, en décembre 2024.Un livre aussi fort et poignant que La Reine du silence, évocation sensible des souvenirs légués par son père pour laquelle [Marie Nimier] avait reçu, en 2004, le prix Médicis.