Marie Nimier

Domino

Domino

Année de sortie: 1998

Éditeur: Gallimard

On ne découvrit sur le buste de Catherine Claire que les marques d'une légère altercation. Connaissait-elle son agresseur ? Le garçon certifiait que l'écrivain avait quitté les lieux à dix-neuf heures trente précises, heure de fermeture de l'établissement. Il l'avait servie lui-même, deux grogs coup sur coup, l'un plus chaud que l'autre. Il l'avait trouvée un peu bizarre, et j'étais bien la seule à savoir pourquoi : ce n'était pas Catherine Claire que le serveur avait raccompagnée à la porte du Café des Charmes, pas elle qui avait emporté le cabas vert, c'était moi." Témoin de la disparition de l'écrivain Catherine Claire, Domino devient détective malgré elle. De ce nouvel emploi elle ne connaît ni les dangers ni les ficelles, mais elle est prête à tout pour innocenter Silvio, son amant. Prête à tout pour échapper aux persécutions de l'homme maigre. Il y a des pots cassés, un cadavre dans le placard, une prof de gym en short court, un masque égyptien et le petit Tom dont on ne sait rien. Un pion après l'autre, le passé de Silvio se révèle et Domino, la narratrice, se construit. Sur fond de banlieue faussement paisible, Marie Nimier taille un polar cocasse et sensuel dans l'étoffe d'un rêve inquiétant.

Extraits de presse

Un récit qui a tout d'un excellent policier, qu'on lit avec la même fièvre, qui se permet en plus d'être une réflexion sur la littérature, sur l'amour, sur les générations, sur notre société en décomposition lente, sur la mort. (...) Marie Nimier domine superbement le mélange des genres, une légèreté de touche, un humour très original accompagnent chez elle la confrontation avec le pire. Elle côtoie les abîmes à cloche-pied. C'est de la haute voltige, et ce n'est jamais apprêté. Elle nous mène par le bout du nez, mais on est prêt à en redemander, à recommencer illico la partie de dominos.
Jacques de Decker, Le Soir (Belgique), en janvier 1970.
Après sa pirouette finale, Marie Nimier retourne le lecteur comme une crêpe. Voyeur, complice, entré par hasard dans un fait divers, il en sort comme d'un cauchemar. C'est très fort, très noir, serré, comme le café du même nom.
Gilles Pudlowski, Le Point, en janvier 1970.
Marie Nimier écrit toujours où on ne l'attend pas. Selon les lieux où elle s'attable. Selon l'humeur des saisons que sa plume traverse. (...) Une écriture buissonnière, sans moumoute ni rouflaquettes. Sur le papier, cela s'appelle la grâce.
Patrice Delbourg , L'événement du jeudi, en janvier 1970.
Silvio et Domino courent dans une ville fantomatique comme le Paris précis et douloureux de Patrick Modiano. Sivio si physiquement présent fuit dans d'inquiétantes expéditions. Est-ce un gigolo, un truqueur, un tueur ? (...) L'art de Marie Nimier est d'évoquer la tragédie avec cette ironie distraite, cette cruauté aérienne qui sont la marque de son écriture, et de cacher notre brutale animalité sous le miroir limpide des mots.
Hugo Marsan, Le Monde, en janvier 1970.
Dès le début, une gamine de banlieue tombe amoureuse d'un fils de pharmacien de province. Qui, malgré son côté bien élevé, a tout du vaurien en cavale. Pour le suivre, elle quitte une piaule misérable et un boulot minable. Une affaire bizarre apparemment liée à son passé à lui, mine leur présent...
Daphné de Saint-Sauveur, Figaro Madame, en janvier 1970.
Le propos est grave, insupportable, diront les gardiens de la morale. Il se situe au coeur même des faits divers qui secouent aujourd'hui l'opinion publique. L'écrivain refuse de juger. Parce qu'elle se prend de passion pour la passion et réussit un superbe exercice de vases communicants, celui de bâtir lentement le clair avenir de Domino avec les moellons noirs patiemment descellés du passé de Silvio.
Marc Baronheid, Week-end / L'express (Belgique), en janvier 1970.
Sensuelle, drôle, subtilement amorale, Marie Nimier nous a habitués, d'un roman à l'autre, à cette évidence qu'aucune énigme n'a de clef, sinon l'identité, toujours voilée, du personnage. Qui parle ici ? (...) Elle s'appelle Domino, comme le jeu de construction d'un livre qui évoque par moment le Paul Auster de Smoke.
Nadine Sautel , Magazine Littéraire, en janvier 1970.
On suit les figures libres de ce "drôle d'insecte" que forment les protagonistes, "tournant autour de la lumière d'un texte disparu." Car la puissance de l'écrit est au coeur du sujet, elle vous transforme les gens respectables en assassins. Le simple lecteur, lui, ne risque rien, sauf d'être séduit du début à la fin par l'aisance irisée de l'écriture de Marie Nimier, qui transmute le plomb d'une histoire sordide en bijou fragile, doré à l'or fin.
Marie-Odile Dupé, Politis, en janvier 1970.
De nombreuses questions se posent à Domino, la narratrice amoureuse de Silvio, parmi lesquelles celles-ci : "Que remboursais-tu à l'insu de tous ?", ou : "Et pourquoi aurait-il tué sa soeur ?" L'enquêtrice est innocente, les secrets sont coupables, les responsabilités sont inattendues.
, Libération, en janvier 1970.
Tous les ingrédients du polar sont au rendez-vous. Et pourtant, sous la noirceur du crime, fleurit quelque chose qui ressemble à de la joie, de la gaieté. De l'amour fou. Marie Nimier a la plume légère, sensuelle, et cette générosité dans l'écriture qui rend son bonheur communicatif.
Michèle Gazier , Télérama, en janvier 1970.