L'histoire se déploie sur deux villes étrangères mais jumelées qui ont en commun d'exploiter le sel, sel de la vie bien sûr mais aussi mémoire cristallisée de l'humanité. Mikis abandonne sa vie routinière de célibataire choyé par les femmes pour partir à la recherche de Magdalena. Celui qui court derrière l'oiseau quitte Salène, une ville du Nord de la France plantée au Sud, pour se rendre à Belda, cité célèbre pour sa mine de sel maintenant légendaire mais où sont enfouis en secret les déchets nucléaires des pays riches. Le roman d'amour devient polar, le réalisme tourne au fantastique, à l'étude de moeurs se substitue une fable cruelle sur le pourrissement des dictatures et les dessous crapuleux de la politique. Marie Nimier a réussi la parfaite incrustation d'une histoire intime dans l'investigation approfondie de notre temps.hugo Marsan, Le Monde, en janvier 1970.
Celui qui court derrière l'oiseau
Année de sortie: 1996
Éditeur: Gallimard
"Il me semble que tout t'appartient, notre plaisir, nos colères, nos baisers. Je te revois marcher pieds nus dans les rues de Salène, tu t'attardes devant les vitrines. Les passants font mine de ne rien remarquer, aujourd'hui pas de chaussures, et demain ?L'absence tout court, ton absence.Ce creux, ce vide, ce moins qui pèse.Qu'ai-je dit pour mériter ton silence ? J'ai parlé trop, et trop fort. J'ai demandé ta main au lieu de l'embrasser. L'oiseau a pris peur, il s'est envolé - la peur, le doute, ces choses-là s'attrapent facilement, même Valérie l'a deviné. Mais l'allégresse aussi est contagieuse, et le bonheur d'amour, et les projets pressants, et le désir goulu qui nous faisait chuchoter dans la bouche l'un de l'autre, lèvres contre lèvres, souffles joints..."
Documents
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Extraits de presse
Mikis déteste les parenthèses, les flamants roses, les avions et les ascenseurs. C'est un garçon pudique. Sur une plage naturiste il garde le caleçon, violet avec des coeurs, que sa mère lui a offert à Noël. Ce qui achève de le rendre immédiatement sympathique.Alexandre Fillon, Madame Figaro, en janvier 1970.
Une étrange personne que cette Magda, avec son bonnet de bain des années soixante, sa cicatrice en forme de T sous l'omoplate et son habitude de marcher les pieds nus. Elle enrobe tout son monde pour mieux se dérober. A commencer par Mikis, un jeune employé des Salines dont elle va égayer l'existence et beaucoup perturber les idées. Elle habite le Grand-Monde, une anse peuplée de cabanons ambulants, parmi lesquels un autobus perché sur cales de bois, celui où elle demeure.(...) C'est toujours avec autant de distance, de vérité et d'humour que Marie Nimier aborde ses personnages dont l'imagination est peu commune - comme celle de leur créatrice. Des personnages qui n'ont rien de porte-drapeaux, mais livrent bien des aveux.Maryse Wolinski, Page, en janvier 1970.
C'est piquant, vif, d'une allègre sapidité, comme il sied à pareil sujet, et, côté ornemental, ça replace la poésie des marais salants à un niveau qu'elle avait rarement atteint dans nos lettres. Après tout, l'évaporation des saumures offre une assez juste métaphore de tout ce qui se dissipe et s'efface sans retour, ne laissant cristalliser au sol de nos existences qu'une montagne de regrets. C'est, paraît-il, tout le sel de la vie.Jean-Louis Ezine, Le Nouvel Observateur, en janvier 1970.
Tout coule, tout est fluide, lisse dans son roman gorgé du sel de la vie, moment rare de rêve, de poésie et de bonheur fous.Julien Moreau, Le Méridional, en janvier 1970.
Le tour de force de Marie Nimier, c'est d'avoir placé une trame d'événements quotidiens, contemporains avec des repères facilement accessibles au lecteur sur un décor qui emprunte au fantastique sans pour autant que cela paraisse plaqué artificiellement.Gérard Noël, Liberté de l'Est, en janvier 1970.
Je me poserais moins de questions si je ne me sentais pas pris dans un mystère - celui que cache ou qu'entretient une évidente qualité d'écriture, ce don de créer l'attente, une certaine magie, la vérité d'un monde entrevu, comme par indiscrétion, dans ses ambiguïtés. (...) Les romans en grains de sel sont préférables aux romans sucrés. Mais ils donnent soif.André Brincourt, Le Figaro Littéraire, en janvier 1970.
J'en fais le pari, sans prendre le risque de me tromper : il ne paraîtra pas cette saison beaucoup de romans de la qualité de "Celui qui court derrière l'oiseau". Un roman d'amour, très beau et très singulier, sans aucun des émois conventionnels, loin de la niaiserie geignarde, d'une intensité qui obsède et en même temps qui dépayse.Pol Vandromme , Le Nouveau Courrier (Belgique), en janvier 1970.