Théâtre-performance singulier, efficace et profond, La Confusion court sur la relation ambigüe d’une femme et de son demi-frère dans un univers baigné d’esthétique japonaise contemporaine. Un spectacle qui, si besoin était, prouve qu’en l’hybridation des genres et des cultures se tient un puissant moteur de la créativité. Légende : La Confusion entre poupées et molosses Crédit photo : Giovanni Cittadini Cesi Elles n’en sont pas à leur coup d’essai. Marie Nimier, écrivaine, et Karelle Prugnaud, metteure en scène, ont déjà investi ensemble la Halle aux poissons du Havre, un souterrain d’Evreux et le sous-sol des Galeries Lafayette de Rouen avec des performances originales concoctées pour la mortelle Grande Veillée du festival d’Automne en Normandie. Retour en salle n’entraîne pas retour au sage, puisque la première pièce jamais écrite par Nimier, de facture plutôt traditionnelle, plonge dans l’univers si particulier de Prugnaud, mélange de kawai, esthétique jeuniste kitsch tendance peluches multicolores venue du Japon, et d’hentai, courant nippon également, avec bizarreries à connotation sexuelle, entre mangas, transformisme et sado-masochisme.(...)Le temps d’une lessive, il est question d’amour, de désir, d’absolu, de pulsions, de normes et d’anormalité, de la difficulté à rester debout, à vivre, grâce au mariage d’un texte parfois bouleversant – le monologue final à travers le hublot de la machine à laver - et d’un univers éloquent et à l’indéniable singularité.Eric Demey, La Terrasse, en janvier 2012.
La confusion
Année de sortie: 2011
Éditeur: Actes Sud Papiers
Pièce pour 2 personnages dans sa version pour la scène, 3 personnages dans sa version radiophonique.
Présentation
C'est l'histoire d'une situation qui se dégrade. D'une longue absence. D'un frère et d'une sœur qui ne sont ni frère ni sœur, ni amis, ni amants ou tout cela à la fois. C'est l'histoire d'un amour bénin qui s'aggrave avec le temps...
Sandra vit seule avec son chien. Lui, Simon, passe de temps à autre, sans prévenir. Il apporte des roses, elle lui offre un café qu’elle sert toujours dans la même tasse. Ils font l’amour passionnément. Il part comme il est arrivé. Ces deux-là sont comme frère et soeur, ils ont grandi ensemble. Ils n’ont ni le même père ni la même mère, mais ils ont la même enfance, dans une grande maison pleine de souvenirs. Et l’amour, entre eux, en eux, a été plus fort que tout. Aujourd’hui tout bascule. Sandra a décidé de faire le ménage. Un grand ménage, sans ménagement. Petit à petit, complicité et séduction laissent place à la colère et la violence. Simon disparaît en gardant ses secrets. Sandra, dans cette confusion des sentiments et des rôles, va lâcher prise, perdre pied. Mettre un terme à une histoire interminable.
Représentations au Grand T de Nantes puis 4 semaines au Théâtre du Rond-Point, puis à Dieppe dans une mise en scène de Karelle Prugnaud (saison 2011-2012) avec Hélène Patarot dans le rôle de Sandra.
Tournée en 2013, avec Karelle Prugnaud dans le rôle de Sandra.
Personnages : Elle (Sandra), Lui (Simon) Même âge.Même silhouette.
Temps : À la toute fin du 20ème siècle et du mois d’août et de la journée.
Lieu : Une pièce en ville.
Lectures publiques à l'Ogre à plumes (Paris), au Marathon des mots (Toulouse) et à Théâtre ouvert (Paris) dans sa forme à trois personnages.
Enregistré pour France Culture dans une réalisation de Christine Bernard Sugy en 2007 avec Agnès Sourdillon, Éric Caravaca et Marie Nimier.
"La Confusion" a été traduit et joué en Italie et en Turquie (Compagnie Didascalie, septembre 2012). Il en existe une traduction en langue allemande, par Lisa Wegener, inédite à ce jour.
LA CONFUSION, vue par Thierry Illouz, écrivain
Vertige de l'amour, incertitude des situations: La Confusion de Marie Nimier est celle des sentiments et des mots.
Sandra reçoit la visite de Simon, ni étranger ni tout à fait frère mais dont l'amour l'a hantée, remuée, mélangée.
Détruite ?
Cette histoire est en elle-même un laboratoire, un examen tout à la fois de l'amour, du passé, mais aussi des liens eux-mêmes, qu'ils soient sentimentaux, familiaux, construits ou empéchés. Et d'un doute, un doute qui s'agrandit sans cesse, qui soumet toutes les situations à l'incertitude, au tremblement. Comme si les sentiments aussi violents soient-ils se heurtaient toujours en définitive à une erreur, un vide, un vertige.
Qui est Simon? Qui était-il? Que revient-il faire ? Qui aime-t-il. Quelle est sa vie? Sur tout cela pèse un poids que la pièce donne à voir, qu'elle rend palpable, qu'elle communique et qui évidemment fait écho, touche, bouleverse.
Aimer c'est être jeté dans l'erreur.
Sandra est entière, vraie, lucide mais aussi paradoxale, imaginaire, impossible. Elle aime comme chacun une figure inaccessible, elle aime un visage qui se dérobe.
Un Simon qui ment et dit la vérité tout à la fois.
Et autour de cela un univers domestique vu comme jamais, un univers domestique mental, une machine à laver qui tourne, un chien immobile, une fenêtre insupportable, autant d'éléments qui recomposent l'histoire et le sentiment, autant d'éléments strictement réalistes qui font pourtant exploser le cadre.
La grande force de La Confusion tient dans cette façon d'investir par la syntaxe du théâtre même la ligne d'une histoire, d'une vie, venir par la représentation contester l'univoque, l'apparent. Le mot, le langage, le verbe lui-même dont le théâtre est sans doute le territoire privilégié deviennent ainsi le décor et la chair véritables. Tout se passe dans les mots, toujours, dans leur sens, double parfois, incertain souvent, mais porteur de tout ce que nous sommes.
Marie Nimier parvient à faire de ce travail du langage qui lui est propre un formidable procédé théâtral qui inscrit les émotions, l'histoire, les choses, les corps mêmes dans le décalage dramatique, et ce dans tous les sens du terme.
Extraits de presse
Sandra est entière, vraie, lucide, mais aussi paradoxale, imaginaire, impossible. Elle aime comme chacun une figure inaccessible, elle aime un visage qui se dérobe.Un Simon qui ment et dit la vérité tout à la fois. Et autour de ça un univers domestique vu comme jamais, un univers domestique mental, une machine à laver qui tourne, un chien immobile, une fenêtre insupportable, autant d'éléments qui recomposent l'histoire et le sentiment, autant d'éléments strictement réalistes qui font pourtant exploser le cadre. La grande force de La Confusion tient dans cette façon d'investir par la syntaxe du théâtre même la ligne d'une histoire, d'une vie, venir par la représentation contester l'univoque, l'apparent. Le mot, le langage, le verbe lui-même dont le théâtre est sans doute le territoire privilégié deviennent ainsi le décor et la chair véritables. Tout se passe dans les mots, toujours, dans leur sens, double parfois, incertain souvent, mais porteur de tout ce que nous sommes. Marie Nimier parvient à faire de ce travail du langage qui lui est propre un formidable procédé théâtral qui inscrit les émotions, l'histoire, les choses, les corps mêmes dans le décalage dramatique, et ce dans tous les sens du terme.Thierry Illouz, Publication(s) n°16, en janvier 2012.