Johnny Halliday - Chanter n'est pas jouer
En collaboration avec: Jean Rouaud
Année de sortie: 2004
Musique de: Hawksley Workman
Album: A la vie, à la mort
À propos de la chanson :
« Comme nous avions tous les deux remporté des prix littéraires*, Johnny nous appelait ses Goncourt, sourit Marie Nimier. Quand il nous citait dans des émissions télévisées, c’était la gloire ! Les copines appelaient : « Il paraît que tu as écrit une chanson pour Johnny ! », elles n’en revenaient pas. Johnny Hallyday dépassait son propre talent. Il s’adressait à tout le monde, même à ceux qui ne l’aimaient pas. Johnny, c’est notre patrimoine, et c’est un sentiment étrange d’y entrer. Écrire une chanson est un travail qui diffère de l’écriture d’un roman. J’avais sa voix, son timbre et sa diction dans l’oreille. Le format très court oblige à l’économie de mots. Une chanson, c’est direct, sans digression, mais par rapport au roman ça a cet avantage de laisser libre cours au jeu sur les assonances, les rimes internes, les clichés ou le détournement des clichés, des expressions toutes faites, les associations suggérées par les sons. C’est même le point central du travail, en ce qui me concerne. Dans un roman, ce travail sonore existe, mais il est plus discret — à mon avis, s’il est trop apparent, il laisse le lecteur à la surface du texte. Quand j’écris des albums pour la jeunesse, je relis mes histoires comme je relierais une chanson : à voix haute, en faisant attention au rythme, à la fluidité. Johnny avait ce talent de raconteur. Il était doué pour interpréter des chansons à texte. Je savais qu’il tiendrait ses notes finales, d’où les refrains en -ER de Chanter n’est pas jouer. Je n’allais pas lui mettre une consonne en fin de refrain. Les mots prenaient de l’épaisseur dans sa voix. »
Siffle-moi (Marie Nimier, Jean Rouaud) : Avant d’écrire Chanter n’est pas jouer, les deux écrivains avaient écrit une première chanson pour Johnny. Connaissant la passion de Johnny pour le cinéma, ils avaient adapté l’histoire d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall. En référence au film Le port de l’angoisse, Bogart avait offert à sa jeune conquête un sifflet d’or en l’assurant d’une promesse : If you want anything, just whistle*. « Nous avons écrit une chanson d’amour et de fidélité, avec ce refrain : Siffle-moi si tu as besoin de moi, précise Marie Nimier. Je la chantais sous la douche ! Elle sonnait vraiment bien. » La réponse de la maison de disques fut laconique : On ne siffle pas Johnny !